Le Maître dit, pour nos cœurs, une parabole à jamais gravée, sur l'art de prier sans jamais douter. Dans une ville, un juge, sans foi ni loi, n'avait de Dieu nulle crainte, nul effroi. Il ne craignait les cieux, ni l'homme non plus, vivant de son pouvoir, sourd aux cris du pauvre.
Sa sentence était dure, son cœur de pierre froid, Ignorant la justice, épris de son seul moi. Mais dans l'ombre vivait une veuve sans secours, dont le droit était bafoué, jour après jours. Elle venait sans cesse, humble et déterminée,
devant l'homme puissant, réclamer sa cause «Fais-moi justice!» criait-elle, d'une voix qui perce l'air, «Contre l'adversaire qui fait de moi son enfer!» Le juge l'ignorait, longtemps, sans la voir. Il fermait ses oreilles, refusant d'y croire. Mais l'insistance monte, tenace et sans repos, comme une goutte d'eau usant le plus dur rocher.
Alors l'homme sans âme, enfin, se parle à lui-même:
«Je méprise Dieu, et n'ai pour l'humain aucune estime. Mais cette femme lasse, à force de venir, va me casser la tête,
et je veux en finir!» «Pour avoir la paix, je lui ferai son droit, non par bonté de cœur, mais pour qu'elle s'en aille, loin de moi.»
Et le Seigneur conclut, d'une voix qui résonne clair: «Écoutez le discours de cet arbitre amer! Si cet homme mauvais, par lassitude vaincu, accorde enfin justice, sonnant le rendu, Combien plus le Très-Haut, notre Juge Élu,
fera justice à ceux qui l'appellent, jour et nuit sans relâche?»
«Croyez que Dieu répond, sans tarder, promptement, à ses élus qui crient, avec ferveur!» Mais la question flotte,
en écho dans nos cœurs: «Quand le Fils de l'homme viendra, des cieux porteur de fleurs, trouvera-t-il la foi sur la Terre des humains, ce courage d'aimer, de tendre ses mains?»
Que notre prière soit audacieuse et droite, comme celle de la veuve, qui sans cesse frappe et gagne la bataille de sa foi.
Père Théo
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